La pédagogie Montessori

Il est très important de comprendre le travail de Maria Montessori et les vestiges qu'elle nous a laissé. Ces quelques lignes ne remplacent pas les ouvrages qu'elle a écrit mais résument et présentent brièvement sa pédagogie et les points essentiels à garder dans un coin de sa tête.

Un morceau d'histoire
Maria Montessori est  née en 1870, à Charavalle, en Italie. Elle est fille unique et est issue d'une famille de savants biologistes.
Dès l'âge de 5ans, elle est envoyée à Rome pour y intégrer les meilleures écoles. Elle devient la 1ère femme à s'inscrire à la faculté de médecine de Rome.
Lorsqu'elle rédige sa thèse sur les "hallucinations antagonistes", en 1896, elle fait le 1er constat des différences entre les adultes et les enfants. Elle observe notamment que les enfants non stimulés, livrés à eux mêmes, voient leurs troubles augmenter. Maria Montessori sépare dès lors les enfants des adultes par des services différents.
Elle instaure trois postulats: l'investissement du jouet/ Restituer la dignité humaine à ces enfants/ Le droit aux bienfaits de l'éducation pour ces enfants.
Licenciée en psychologie, philosophie, biologie, elle porte un regard de chercheur sur l'éducation.

En 1898, on confie à Maria Montessori, la direction de l'école orthophrénique; Elle y est chargée d'adolescents souffrants de déficience intellectuelle. Elle part en France pour un court séjour et y découvre les travaux d'Itard et de Seguin. Par leurs travaux, elle comprend un concept clé de sa future pédagogie: la transmission ne peut se faire que par la lenteur".
Lorsqu'elle rentre en Italie, enrichie de ce qu'elle a appris, elle forme ses enseignantes de l'école orthophrénique et y fait fabriquer du matériel d'Itard et de Seguin. Elle décide ensuite d'inscrire ses adolescents au brevet des études. 
A la surprise générale, la majorité d'entre eux, réussissent l'examen, avec des résultats parfois meilleurs que les enfants dits "normaux". C'est de cette expérience que naît son intérêt pour les enfants "normaux".


La place de Maria Montessori parmi ses confrères dans l'histoire de l'éducation

 

Maria Montessori est mondialement connue pour ses recherches et son approche révolutionnaire de la lecture et de l'écriture. Elle apporte une conception nouvelle de la pédagogie enfantine et de l'éducation.
Platon proposait une pédagogie traditionnelle dans laquelle il considérait qu'accorder la liberté aux enfants pouvait aboutir à une mise en danger de l'enfant pour lui même mais aussi pour les autres. Platon associait "liberté" à une errance de l'enfant potentiellement dangereuse. 
"liberté, décision, initiative, sont réservés à ceux qui ont atteint l'âge de raison et de jugement, que Platon fixe à quarante ans", extrait de la méthode Montessori ( Hélène Lubienska de Lenval).

 Pour Maria Montessori, la liberté doit être intérieure et permet d'accéder au développement extérieur, à la découverte du monde.

Rousseau, dans une démarche plus altruiste, accordait une place importante à la liberté et une place limitée de l'adulte. Selon lui, la nature représentait le milieu approprié de l'enfant.

Pour Maria Montessori, le milieu approprié de l'enfant est au contraire, un milieu adapté et préparé avec un soin minutieux.

Pestalozzi qui a transformé "la classe lugubre d'autrefois en une pièce familiale où les enfants apprenaient à lire en grimpant sur ses genoux", avait fait le lien entre la notion de plaisir et de travail sans avoir jamais évoqué celle de liberté.

Froebel, dans une démarche plus sensorielle, a apporté des activités manuelles aux enfants, des bouts de bois, des allumettes usées, des haricots bariolés qui constituaient son matériel scolaire.

De part et d'autres, nous retrouvons des éléments déterminants, qui réunis ensemble, auraient pu représenter la pédagogie Montessori. Le plaisir est un ingrédient indispensable au travail, la liberté intérieure est nécessaire au développement extérieur, l'approche sensorielle et la manipulation participent à l'éducation.


 Ses inspirations


Maria Montessori s'est beaucoup inspirée des travaux d'Itard et Seguin. Elle prend conscience de l'importance des méthodes scientifiques dans les aides qu'elle peut apporter au développement de l'homme. Elle réalise l'importance de l'observation, comme pierre d'angle de tout travail.

Itard, Seguin et Bourneville sont trois pédagogues arrivés à la pédagogie par la médecine. Ils se sont occupés d'enfants malades et retardés avant de faire profiter les enfants normaux des précieuses observations faites "au ralenti" sur les autres. Itard, maître de Seguin et Bourneville est le 1er à à distinguer une éducation motrice et une éducation sensorielle comme devant précéder une éducation intellectuelle. Il élabore un matériel didactique par l'intermédiaire duquel l'enfant développe une mémoire musculaire des formes et acquiert une appréciation expérimentale des différences de longueur, poids, volumes,...


Un autre regard


Maria Montessori considère l'éducation comme une aide à la vie. La pensée Montessorienne est d'accompagner le devenir de l'être et non de ranger l'enfant dans des fonctions.

"il faut ainsi entendre l'éducation comme une aide à la vie, au sens, d'une aide qui soit à la fois physique et psychique", extrait de l'Esprit Absorbant.

"la véritable éducation nouvelle consiste à aller à la découverte de l'enfant et à réaliser sa libération", extrait de l'Enfant.


Discipline et Liberté

Maria Montessori propose une conception de la discipline tout à fait nouvelle et originale pour l'époque. Elle entend discipline comme une liberté intérieure d'être et de faire quelque chose pour soi même. Cette discipline s'acquiert et se construit grâce au chemin que trace pour lui l'éducateur. Nous devons être un guide pour l'enfant et l'amener vers la concentration.



Une éducation du mouvement

Le mouvement représente un des concepts essentiels de la pédagogie Montessorienne. Il est à différencier des exercices physiques, tel que la gymnastique. Le mouvement est une éducation musculaire. Il commence dès l'arrivée des enfants dans l'ambiance et se manifeste dans les activités complexes, qui sont décomposées en mouvements simples et successifs, exécutés au ralenti. Le mouvement dirige, coordonne et aide l'enfant dans la maîtrise de lui même.



Le raffinement du mouvement est lié au développement de l'Intelligence

La main est le prolongement de la pensée de l'homme. C'est grâce à cette faculté qu'il a pu transmettre et laisser des vestiges de ses découvertes. Le raffinement de l'habileté manuelle et donc du mouvement nécessite une attention, un intérêt et un soin particulier qui appellent à l'Intelligence de l'homme. Le raffinement du mouvement est à entendre comme une maîtrise de plus en plus fine de son geste et par la même de son corps. Cela signifie que plus l'enfant affine son geste, plus s'offre à lui la possibilité d'agir sur son environnement.


Libre choix et volonté

Le libre choix selon Maria Montessori constitue une condition déterminante à la libération des instincts intérieurs chez l'enfant. Lui permettre de s'orienter seul vers ce qui le guide, augmente son intérêt pour cette activité ou pour l'objet de convoitise. Permettre le libre choix aux enfants, libère l'expression de leur vie psychique et leurs mouvements deviennent l'expression de leur volonté.
"on ne peut considérer que les muscles se développent correctement, s'ils ne sont pas au service de la volonté. Les mouvements sont l'expression d'une personnalité qui agit", extrait de l'Enfant.


La répétition

La répétition et donc le mouvement permet une imprégnation dans le corps. Ce n'est que par ce principe que l'enfant arrive à la compréhension et à la maîtrise de son geste. Le raffinement est l'aboutissement d'un exercice répété.